Biographie
Normand de Bellefeuille (1949 - ) est un poète, écrivain et critique littéraire québécois pour qui l’acte d’écrire est un acte de plaisir. Né à Montréal, une grande partie de son œuvre paraît durant la période houleuse des années 70 et traduit ses valeurs d’avant-garde. Sa poésie adopte le formalisme. Ses poèmes manient répétitions, jeux de citations et syntaxe entaillée ; ils abondent d’une écriture fertile et allégorique. Lauréat du Prix du Gouverneur général, Bellefeuille reçoit également le prix Émile-Nelligan et le Grand Prix du Festival International de la Poésie.
Entrevue
Comme tous les enfants de ma lointaine époque, nous apprenions « par coeur » (quelle belle expression, alors qu'elle ne signifiait qu'une contrainte) quelques poèmes. Je ne me souviens d'aucun poème de cet âge de pierre, sans doute à cause de la contrainte justement... Car si le coeur y avait été, ma mémoire serait certainement plus alerte !
J’ai commencé à écrire des poèmes vers l'âge de 15 ans, sans cette fois que ce soit une contrainte. Mais tous les ados de ma lointaine époque écrivaient des poèmes, sans doute pour séduire les filles... Mais je me suis pris à propre jeu. Je me suis évidemment tout de suite considéré comme poète. Puis, deux ou trois années plus tard, j'ai compris que le « titre » n'était pas aussi simple... Je ne sais même pas aujourd'hui si je me considère comme poète... Je suis un écrivain qui chaque jour pratique ce genre qu'on appelle poésie…
Son travail consiste justement à travailler, à ne pas attendre ce qu'on appelle l'inspiration... Je n'ai jamais vraiment su ce que c'était... Choisir des mots, des thèmes, des images, ok, mais attendre que cela vienne d'en haut, d'une quelconque transcendance... Cela ne peut venir que du dedans... mais encore là cela demeure mystérieux... Le travail du poète n'est pas, tout compte fait, différent de tout autre travail : discipline, acharnement parfois... et plaisir quand cela se peut... le plus souvent possible...
Je n'en sais trop rien... Les mots sont venus justement et ils me semblaient pertinents... Leur association me paraissait signifier et me convenait... Ça me parlait, je les ai donc simplement accueillis... Et depuis, je tente moi aussi de les comprendre... Car je ne suis désormais que leur lecteur...
Il y en a tant que j'ai laissé le hasard s'amuser... J'ai choisi la lettre P, pour poésie bien évidemment. Et voici ce qu'il en est advenu : « Palude » de Raymond Queneau. Et comme le hasard fait bien, dit-on, les choses, ce poème précède l'un des miens... Mieux encore, je suis un fan de Queneau...